Tardivement découvert en Occident, en 1997 avec Cure et en 1999 avec trois de ses films en compétition dans différents festivals (License to Live, Charisma, Vaine Illusion), Kiyoshi Kurosawa est une figure essentielle et singulière du cinéma japonais. Très tôt, sa cinéphilie l’oriente vers les films de genre américains des années cinquante et soixante-dix (Aldrich, Siegel, Peckinpah, Fleischer, Carpenter, Hooper…) et le cinéma d’auteur (Godard, Rohmer, Cassavetes, Wenders…). Il est d’abord engagé par la Nikkatsu pour tourner des pink eiga (fictions érotiques). Il réalise en 1985 The Excitement of the Do-Re-Mi-Fa Girl, un film de commande aux résonances godardiennes – ce qui ne plaît pas à la Nikkatsu qui qualifie Kurosawa de réalisateur incontrôlable. Cette réputation marginalise le cinéaste. Privé de tournage, il enseigne le cinéma à l’université de Rikkyo, influençant de futurs metteurs en scène tels que Makoto Shinozaki, Shinji Aoyama, Masayuki Suo… Son retour en grâce, il le doit au succès de Sweet Home (1989), film de fantôme et de maison hantée annonciateur de la vague fantastique japonaise – quelques années avant Ring et The Grudge. Il tourne ensuite beaucoup, imposant son style qui prend toute sa signification dans Cure, Charisma (1999), Séance (2000), Kaïro (2001), Jellyfish (2003), Doppelgänger (2003), Loft (2005), Retribution (2006). Ce sont des films qui mêlent le fantastique et l’intime dans une vision violente, inquiétante et métaphysique de la société japonaise contemporaine, laquelle transparaît avec force dans Tokyo Sonata.